La mission mixte (ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique, de l’Administration du Territoire et les partenaires de l’UNFPA) continue sa tournée dans les différentes communes de la Basse et Moyenne Guinée. Elle s’inscrit dans le cadre de sensibilisation des élus locaux en faveur de la Planification Familiale (PF) notamment sur la question relative à l’allocation de 2% du budget des conseils communaux à la PF. Un engagement pris en 2022, à Kindia lors d’un atelier organisé par l’UNFPA à l’endroit de certains maires des communes.
Le jeudi 27 juillet 2023, c’est Mamou ‘’ville carrefour’’ qui a reçu les membres de cette délégation, et c’est la salle de conférence du siège de la mairie qui a servi de cadre à cette rencontre très fructueuse. Malgré que ce soit une délégation spéciale qui conduit les affaires courantes de cette Commune Urbaine, les dirigeants ont exprimé leur volonté et leur engagement à mener des démarches pour cette question de santé, qui fait partie des priorités de leur équipe. Chose qu’apprécie à juste titre Afiwa Mata AHOUADJOGBE, chargée de Communication à l’UNFPA : « C’est vrai que nous faisons ces plaidoyers en direction des communes pour qu’elles puissent allouer 2% du budget de la santé de la commune à la planification familiale (PF). Et toutes les communes que nous avons traversées, nous avons quand même bon espoir qu’à leurs prochaines sessions ordinaires, ce pourcentage va être acté et endossé. Mais pour la commune de Mamou ça serait un peu difficile parce que la délégation spéciale à des compétences bien définies par la loi. Ces compétences sont un peu limitées et donc elle ne peut pas aller jusqu’à un certain niveau de décisions. En revanche, nous avons trouvé un maire très ouvert à la question de la planification familiale. Bien que la délégation spéciale ne puisse pas acter et endosser cet engagement par rapport aux 2% du budget communal, je suis convaincue que le maire que nous avons trouvé ici étant déjà un ambassadeur de la planification familiale trouvera des méthodes et stratégies innovantes pour mobiliser les ressources en faveur de la planification familiale. Nous avons donc espoir », a espéré la chargée de communication.
De son côté, Dr Aminatou Diallo Cheffe section promotion de la planification familiale au ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique a évoqué les avantages de la planification familiale. Selon elle : « Un couple qui ne pratique pas la planification familiale ne pourra pas subvenir aux besoins de sa famille, financièrement ou moralement. Il faut tenir compte de ses revenus financiers avant de faire des enfants. Parce que mettre un enfant au monde sans l’éduquer constitue un danger pour la population. Un enfant bien éduqué est un enfant qui contribuera au développement d’un pays et favorisera le dividende démographique et augmenter le taux de croissance économique. Il y a beaucoup d’études qui ont prouvé que la planification familiale est l’une des stratégies les plus efficaces et la mieux approuvée dans la lutte contre les décès maternels et infantiles. À Mamou, depuis notre arrivée, l’IRS nous accompagne partout. Les représentants du ministère de la santé sont vraiment impliqués dans cette lutte et ils sont avec les conseillers communaux », s’est-elle réjouie.
Le président de la délégation spéciale de Mamou Nouhou Djogo Bah pense que si les indicateurs sont toujours à la baisse en Guinée, c’est parce que la femme est encore reléguée au second plan. « Aujourd’hui si on a des initiatives qui accompagnent et appuient les femmes, c’est des choses qu’il faut soutenir et saluer. Faire en sorte que les menaces qui courent derrière ces femmes puissent être réduites même si l’on ne peut pas éradiquer tout à la fois. Le changement de comportement c’est un processus et nous devons aller jusqu’au bout. Si nous nous donnons les mains on va y arriver. L’inclusion fait défaut mais nous allons faire pour que tout le monde s’engage dans la même dynamique. L’information c’est pour tout le monde et chacun de nous doit partager cette information. Nous devons faire en sorte qu’on abandonne l’idée des mœurs, coutumes et autres. Aujourd’hui nous sommes satisfaits parce qu’il y a des femmes qui s’affichent et qui sont fières d’être planifiées », a-t-il souligné.
De renchérir, son vice-président, monsieur Sidi Diallo, a promis de s’investir dans le cadre de la sensibilisation pour une planification familiale dans cette commune, il a saisi l’occasion pour annoncer les activités devant permettre l’adhésion des familles à cette pratique qui est un levier du développement économique d’un pays : « Déjà nous avons un atout pour avoir des hommes de médias et d’autres conseillers venus de la société civile qui savent bien de quoi il s’agit. Nous allons donc sensibiliser nos populations et surtout en les amenant à ces pratiques de planification familiale. C’est un constat amer quand nous voyons des enfants moins de 10 ans un peu partout dans la ville et nous voyons encore la mortalité de nos mamans causée souvent par le manque de cet espacement de naissance. Nous allons essayer de prendre toutes les dispositions pour sensibiliser et d’ailleurs impliquer les leaders religieux. Un père de famille doit assurer l’éducation de ses enfants et prendre soins d’eux avant l’âge de 18 ans pour ne pas faire mal à la société. Nous avons beaucoup d’enfants sans nos familles qui ne sont pas contrôlés », a-t-il déploré.
Oumar M’Böh