Des élus locaux interpelés sur leur rôle en matière de planification familiale

Une mission mixte composée des cadres des ministères de la Santé et de l’Hygiène Publique, de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation ainsi que des partenaires de l’UNFPA, est actuellement en tournée à l’intérieur du pays. C’est une mission qui s’inscrit dans le cadre du suivi et de l’évaluation du niveau d’avancement des engagements pris par les élus locaux formés à Kindia en 2022 sur la planification familiale. Au cours de cette formation, il avait été question d’orienter 2% des budgets de leurs conseils à la planification familiale.

A l’étape de la région de Kindia, la mission s’est rendue à Mambia, Kindia centre et Tolo, où la responsabilité des élus locaux et de l’ensemble des acteurs a été évoquée. Le rappel sur la responsabilité des élus locaux vise favoriser la prise en compte de la santé des populations et à éviter la mortalité infantile et néonatale.

Monsieur Sylla Issiaga du MATD a rappelé aux collectivités locales que la santé communautaire fait partie de leurs missions et que le ministère de tutelle est là seulement pour le suivi et l’accompagnement : « Je dirai tout simplement que les collectivités locales sont au centre, au cœur de cette préoccupation. Étant donné que ce n’est pas tombé du ciel, c’est la loi portant collectivités locales qui donne acte aux collectivités locales de s’en approprier le contenu de cette disposition pour prendre compte l’aspect santé. L’aspect de santé ici c’est la santé communautaire. La loi le dit en son article 29 par rapport aux domaines de compétences des collectivités locales, dont elle figure en bonne place. On parle aussi l’un des aspects qu’on appelle la planification familiale. Cette question de planification familiale est une affaire des communautés. C’est pourquoi les collectivités locales sont impliquées, je dirai même qu’elles doivent être responsables et pas être impliquées parce que c’est la responsabilité des collectivités locales en matière de santé communautaire qui est interpellé par le ministère. Je rappelle, le centre de santé dans lequel évolue les acteurs de la santé est un Etablissement Public Local (EPL). La gestion incombe aux collectivités locales. C’est un patrimoine de la collectivité. C’est la loi qui donne ça aux collectivités locales. Donc, toute action menée du point de vue santé communautaire, du point de vue gestion relève des compétences locales. Je demande aux collectivités locales qu’elles s’assument et s’en approprie car la santé fait partie de leurs missions. Si tu enfantes, il faut suivre son évolution jusqu’à ce qu’il décide lui-même de se prendre en charge. Pour être plus clair, les collectivités locales sont des enfants du ministère. C’est pourquoi le ministère de tutelle des collectivités locales décide de les accompagner dans la mise en œuvre et dans l’appropriation même de leurs compétences. Nous devons les accepter, les encadrer et une fois qu’elles sont mûres de s’auto-gérer et avoir la capacité de l’autonomie de gestion, le ministère ne fera que jouer son rôle de suivi et d’accompagner », a-t-il soutenu.

De son côté, le Président de l’Association des Communes de Guinée, Oumar Camara a quant à lui, exprimé sa satisfaction au nom des conseillers communaux avant de poursuivre en ces termes : « La Guinée s’était déjà engagée depuis 2019 dans ce processus. L’Etat s’engage à payer 50% dans les médicaments qui sont utilisés dans le cadre de la planification familiale. Et ce contrat arrive à terme cette année. Mais comme il s’agit de parler de la vie de nos citoyens dans les collectivités, il reviendra aux collectivités de s’engager. Parce qu’à ma façon de comprendre, c’est un processus de désengagement que les partenaires commencent. Et si la loi (le code des collectivités) dit qu’aujourd’hui la santé fait partie des domaines de compétences des collectivités, il va de soi qu’on s’approprie et puis nous allons prendre des mesures idoines pour pouvoir satisfaire quand même nos citoyens, c’est notre raison d’être » a-t-il rassuré.

Après les étapes de Mambia et de Kindia (commune de Kindia), c’est au tour de la commune rurale de Tolo, située à 23 kilomètres du chef-lieu de la commune urbaine de Mamou de recevoir ce mercredi 26 juillet 2023 les missionnaires. La rencontre a eu lieu au siège du bloc administratif et a connu la présence des autorités locales et des acteurs de la santé. Là aussi, les échanges ont porté sur les questions de santé en général et celle de la planification familiale en particulier.

Le Maire de cette commune rurale, d’une superficie de 151 Km2, avec 8 718 habitants dont 4000 et quelques femmes (recensement général de 2014), Elhadj Thierno Madiou Diallo a dit qu’après l’atelier de 2022 à Kindia organisé par l’UNFPA, sur la question de planification familiale, il a procédé à la restitution de cette formation auprès de ses collègues conseillers, qui dans l’ensemble ont approuvé l’idée d’accorder 2% de leur budget à la planification familiale. « Etant donné que la planification familiale est un sujet tabou chez nous ici, j’ai expliqué cette problématique à notre secrétaire général de la ligue islamique, en lui disant que ça existe même dans le Coran, dans lequel il est demandé d’observer au moins de deux ans d’espacement des naissances. Ici, nous devons nous lever pour aider nos enfants surtout nos filles, pour éviter qu’elles ne tombent enceinte, ou encore de faire des avortements. Heureusement avec le recrutement des RECO, nous arrivons à obtenir de bons résultats, ceux-ci sensibilisent les jeunes filles et garçons. Donc, l’arrivée de cette équipe aujourd’hui encore nous a beaucoup édifier dans plusieurs aspects, relatifs à la sensibilisation, à la mobilisation des ressources, à la collaboration entre tous les acteurs, parce que Tolo est une commune pauvre qui ne dispose de ressources minières » a-t-il souligné.

Muté en novembre dernier, le chef du centre de santé de Tolo, Dr Milimono Ezechiel Nalé a fourni des résultats très ‘’appréciables’’ dans le cadre de la santé notamment en matière de planification familiale. Il a tout de même exprimé les principales difficultés qu’il a rencontré sur le terrain, mais grâce à la bonne collaboration, le taux pourrait connaitre une hausse avant la fin de l’année : « A mon arrivée, mon équipe et moi avions planifié 260 femmes, un taux qui est inférieur à la demande de 661. Mais nous avons envisageons élargir la sensibilisation, déjà les résultats de trois semestres de l’année 2023 donne 211 femmes planifiées contre 260 de toute l’année 2022. Donc, les choses commencent à aller. Hier (mardi 25 juillet) au cours de la session ordinaire du conseil communal, nous avons participé, j’ai présenté notre rapport semestriel qui a été très bien apprécié et notre équipe a été félicitée et par les conseillers communaux mais aussi par la communauté » a indiqué Dr Milimono Ezechiel Nalé.      

Oumar M’Böh